37,2 et çà vole !


Prenez un style Barbie en moins allongée, j'entends taille réduite (pas le tour de taille quasiment filiforme dans cette famille de poupées ! ) mais, toutes proportions gardées, allez, disons... vous voyez Betty Boop ? Hé bien c'est presque tout à fait çà.

Bon, commençons par le pied ; il est petit mignon, bien formé, bien équilibré, bien galbé, l'air décidé , sachant où il va et y allant d'un acte volontaire et élégant.
Il tient dans la main... tient dans la main aurait suggéré l'ami Coluche d'un ton affirmatif. Ce n'est pas une raison pour ne pas le poser par terre, ou, beaucoup mieux, sur la table ; à ce niveau, l'examen de la petite chose en sera grandement facilité.
Pour une simple raison d'équilibre et de symétrie, prenez en deux, un droit et un gauche de préférence et alignez les côte à côte ; vous les avez donc à la même hauteur que les coudes sur lesquels vous vous appuyez pour détailler la description.
Et maintenant , de l'audace, attachez moi la dessus une jambe de même galbe que le cou du pied, une jambe lisse et fine, toute en courbes douces et régulières, à la peau parsemée de tâches dites de rousseur ; ce n'est pas de la rouille ; non, seule la fantaisie d'un peintre farfelu a su parsemer de façon si créative, autant de pigments gorgés de soleil.
De préférence , installez une jambe par pieds et ne vous trompez pas ;
- la gauche c'est le coté où l'on va , quand on veut tourner dans le sens opposé à celui des aiguilles d'une montre ;
- le devant de la jambe , c'est là où c'est dur, le derrière c'est toujours plus mou.
(ndlr : pas de commentaires SVP !)
Sur chacune de ces jambes, posez un genoux bien dessiné, arrondi aux angles pour annoncer que l'élément suivant sera de bonne qualité esthétique.
OK . C'est bon ? ... On continue.
Bien, vous avez les cuisses ?
Elles sont dodues à souhait, avec toujours ce galbe proche de la perfection ; le revêtement, cette tapisserie aux pigments d'un bel effet, semble avoir été réglé en tension par un expert en tissus protecteurs. L'ensemble fait ainsi penser à une pièce d'art polie par un sculpteur.
Même observation pour le sens, il serait dommage de positionner la partie la plus tendre, (là où la peau fait immanquablement penser à celle d'un nourrisson), vers l'extérieur, et là aussi , devant c'est plus ferme .Vous savez maintenant où est la gauche , donc l'assemblage se poursuit.

Ceci étant établi, je ne m'étendrai pas sur le devant de l'étage suivant, certains ne manqueraient pas d'en profiter pour lancer des allusions graveleuses, des plaisanteries du plus pur style Gaulois high tech raz les pâquerettes (et encore , quand je dis pâquerettes ... !).
Un petit détour sur l'arrière de cette étape, me semble cependant indispensable ;
En terme de rondeur, de fermeté, de caractère, de personnalité, d'espièglerie, là, on est servi par une de ces paires de .... aie aie aie.... toujours modestes en taille, mais de belle facture et si exubérantes en gestuelles, que tous les bateaux de la méditérranée en seraient jaloux de les voir chalouper ainsi.

Quittons vite ce centre d'intérêts très siège de société en folie, pour analyser les éléments supérieurs.
Que dire d'une taille à faire pâlir les filles de 14 ans, d'une poitrine facile à porter et qui se porte bien ?
Une épaule et un bras, de chaque côté, ne déparent en rien, au contraire, l'esthétique des trains d'atterrissage.
A noter cependant, une pointe de couleur vive à l'extrémité de chaque long doigt prolongeant ces membres ; il y en a plein des doigts ; j'en ai compté 5 à chaque main.
Ce qui est difficile à compter c'est le nombre de colliers autour du cou, de bracelets aux poignets, de bagues aux doigts ; tout ceci d'un bel or ou d'un vif argent, soulève une question : comment ces petits bras peuvent-ils déplacer une telle masse de métal précieux sans effort apparent, ni perte d'équilibre ?

Hé bien, tout là-haut, pas très haut en fait si on enlève la table, une petite tête, rehaussée d'une crinière fière et rutilante, agrémentée d'une bouche sensuelle hésitant entre la moue charnelle et l'explosion d'un éclat de rire en cascade généreuse renferme un caractère pas vraiment comme les autres.
Voilà un ensemble, qui tout habillé ne dépasse pas aujourd'hui 37,2 kg.
Effectivement, les vêtements pour enfants de 12 / 13 ans ne pèsent pas lourd dans la balance. Ils sont même parfois trop grand à tel point qu'ils sont crûment allégés à grand coups de ciseaux carnassiers et déchiqueteurs.
Trêve de chiffons, prenez tout ça, les pieds, les bras, les jambes .... etc, mettez les ensemble dans un sac style harnais barrette en faisant attention de ne pas en égarer, attachez le mousqueton à un delta et poussez le tout dans le vide .

Et alors... et alors...

Betty Boop en delta Cette petite plante avec qui nous venons de faire connaissance est juste sortie d'une longue période de grande sécheresse passée au fond d'un trou où lumière et vie étaient absents, où humidité et froid dominaient sans appel au point d'étrangler les sons dans leurs échos.
Le jardinier de service a longtemps peiné pour la reminéraliser, puis pour l'amener à pied d'oeuvre, sur un sommet Diois.
Elle a d'abord ouvert un pétale, puis deux, relevé un petit peu la tête, accepté de puiser quelques nourritures, de recevoir quelques rayons de soleil, d'effectuer quelques mouvements dans l'herbe....
Le trou parut petit à petit, plus large, moins sombre.
Puis enfin, quelques autres temps après, le soleil, le dépaysement, une journée chaude et détendue, un site agréable, un paysage reposant, un décollage sain, réputé facile, peu fréquenté ce jour là...
Dans la douceur du matin calme, la recherche et la reconnaissance pédestre du site d'accueil des apprentis oiseaux (atterro officiel, selon les termes en vigueur dans ce monde), permet de s'acclimater au site par le bas.
En haut, légèrement en retrait du point d'envol, lentement, amoureusement, elle caresse l'enveloppe de son aile, puis, avec application et réflexion, elle parcourt toutes les étapes du montage.
Bientôt, la structure élancée de l'oiseau s'érige fièrement face au ciel du midi.
Longtemps, avant de s'élancer, elle se concentre sans hâte, sans pression, sans contrainte.
Seul le témoin est là, qui lui renvoi l'image de la confiance en elle.
Elle a pris son temps pour assembler, regarder, vérifier, câliner son aile.
Celle-ci, toute rose de ces attentions, épanouie sous le soleil, s'avoue toute prête à accepter ce léger fardeau encore chancelant dans sa tête.
20 mn , 40 mn, une heure, peu importe le temps qui passe ; seule l'envie de s'envoler se fait plus insidieuse, plus précise, plus certaine, plus proche, plus vivante.
Un regard à droite, un regard à gauche, un constat de confiance
" tu es capable " ;
une bouffée de thermique que l'on laisse passer, les 37,2kg s'élancent comme un moustique déterminé, un peu maladroit, un peu hésitant, mais les yeux pleins de ciel,
le regard aspiré par l'espace libre,
et déjà...

... ça vole...

Je ne décrirai pas le vol un peu saccadé, un peu tendu, un peu rapide au début, un peu bousculé par l'accolade musclée des premiers thermiques de la mi-journée ; je parlerai peu de l'état d'esprit du témoin confiant et inquiet, inquiet puis confiant, le regard accroché au moindre mouvement de cet équipage, la respiration suspendue aux changements de caps ;
mais l'approche est réfléchie, et si le petit oiseau a dépensé le trop peu d'énergie disponible en excès de pilotage, si un montant absorbe l'atterrissage, si un genoux rougit de l'accueil viril de la terre, le message parvient par la radio " tout va bien ", le pas est fait ; un pas immense appuyé sur "je peux le faire" ; un bond en avant vers la reconquête de la vitalité ; un pas de géant vers le soleil, l'air vif, l'espace ;
Un pas vers la renaissance, vers la liberté. Un grand pas pour un tout petit poids !

Taitenbalance




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