Boulevard de Chamrousse
Prapoutel, lieu de prédilection de devinez qui ...? c'est là que les trois jeunes du club décident ce jour là, un 22 de juillet 96 lundi de son état , de s'aérer les poumons et de purger les yeux par un grand balayage de vallée.
Trois jeunes qui totalisent quelques chose comme 180 fois les 4 saisons à sérieusement ne pas se prendre trop au sérieux ! C'est pour cette raison que le jeune spécialiste des lieu Bernard T. de son état sera le préposé au briefing, qu'il sera très écouté par le très jeune et respectable recordman du club en comptage de saisons, j'ai cité Jacques de Meylan et qu'enfin le "gamin" de service, jeune quinquagénaire Michel de Champagnier, se laissera béatement porter par l'enthousiasme décoiffant du susdit spécialiste.
J'additionne 60 plus 70 plus 50,(les chiffres sont bien ronds, c'est parce que c'est plus joli et que quelque part, leur inexactitude flatte quelque peu les concernés) et si mes calculs sont justes, j'obtiens 180 . Le compte est bon ; place aux jeunes, dégagez le tremplin on arrive et de toutes façon on décolle à côté !
Voilà l'équipe de choc qui aborde le préposé au télésiège, le prend en otage, arrête les machines pour charger les trois longs cigares, les trois sacs, la besace, et les trois presque tous grands-pères (personnellement je n'ai pas encore droit à ce titre de noblesse).
Pendant le grand moment de recueillement concédé au temps de montée vers la Jasse, chacun s'imbibe les poumons d'air plus pur que les volcans d'Auvergne, se cotonne les oreilles avec le frémissement des câbles caressant les pylones, arrose d'un air narquois les branches des sapins qui ne nous plancheront pas encore, enfin chacun étire ses pensées, détend ses ressorts internes pour mieux communier avec le sommet proche.
Là haut une paire de belges sans frite mais avec la pêche et leur inimitable accent nous fait part de son inquiétude quant au plafond qui nous oblige à baisser la tête une fois. Pas de problème ça va se lever dixit le préposé au briefing.
Le temps de construire et d'habiller les engins, en jetant de-ci de-là quelques blagues salaces, de casser la croûte du super sandwich tomate, fromage, basilic, ciboulette, gratin de courgettes et autres bizarreries succulentes et effectivement le ciel se dégage vers le haut. On jette d'abord les belges pour voir si ça tient, puis B.T. intègre son sac à viande, programme son GPS pour éviter le triangle des Bermudes, et nous la joue à salut les copains, je vais voir là bas si j'y suis.
Effectivement, il y est au bout de peu de temps. Ceci excite vivement et incite le gamin à lâchement abandonner l'ami Jacques.
Comme une main dans un gant, il se glisse dans le sac, comme un chevalier, il s'armure d'un casque, comme un fidèle pratiquant, il se confesse au micro "essais radio pour Michel, ok bien reçu de (St) Thomas", puis après avoir rapidement apprécié l'espace libre, l'orientation, le début du cycle thermique, les jolies jambes de la touriste en short sur la gauche, donné un coup d'épaule pour lancer la machine sur les rails de la glisse, poussé sur les propulseurs, il cherche vite à s'engager sur l'express de Chamrousse à la poursuite du père Lamin.
Il, " le gamin" c'est moi, apprécie beaucoup le son du vario qui débute gaiement un concert à rallonge.
La belle Bédina vue de 2350 m nous (mon delta, mon harnais, mon vario, mon alti, mon badin, mon tarin, mes fourmis dans les jambes et moi) invite à rejoindre la cabane du Berger.
Tout décontenancé et déçu d'être laissé pour compte Jacques rate la marche ; un peu dépité et fort boudeur, il se laissera confortablement glisser vers Lumbin.
Au-dessus des moutons, vu l'absence du berger sans doute en classe nature avec la bergère , je prends 300 m de plus en douce et taquine le Grand Replond jusqu'à la pointe avant de lui tourner ostensiblement le dos ; il en restera de pierre, raide de froid et du mépris dû à son grand âge.
Encore heureux que le système pileux du St Mury ne soit pas développé, car c'est en lui rasant la crête que je clôture cette transition. Pas vexé pour deux sous, il me propulsera généreusement vers 2150 m pour admirer le lac du Crouzet devant la Petite qui lance les domaines. Le Grand Colomb sera abordé à 1800 m, là où il ne m'attendait pas, je m'infiltre, me faufile, m'incruste pour lui faire un pied de nez et enfin chevaucher le Pic Chauvin à 2400 m.
B.T est déjà sur le retour..., il annonce l'arrivée de son vol Lamin'Air 123Z sur Prapoutel éminemment, sous peu, ce qui signifie entre-autre qu'il va réjoindre son véhicule. Ainsi, Jacques ne sera pas obligé de faire le pied de grue pour une éventuelle récupération.
Oui, mais le gamin ne sait pas encore s'il est capable de rentrer au bercail par ses plus ou moins propres moyens. Il faudra donc attendre.
Jacques dans sa grande bonté se lancera dans cette épreuve de patience avec ténacité et la dose de philosophie que nous lui connaissons.
Au départ de cette transition du Grand Colon, la superbe vue sur les petits lacs rince les yeux à grands coups de petites tâches bleues encerclées de vert tendre et de blanc caillouteux.
Á l'autre bout, l'Aiguillette, 200 m dessous crache régulièrement ses parapentes comme autant de noyaux de cerises, par dessus les bois. Apparemment, ce système de plantation n'est pas très efficace, car je n'ai vu pousser que des sapins par là !
Bon, on est pas là pour rigoler, un petit tour sur les toits plats de Chamrousse pour jeter un coup d'œil et repérer une éventuelle beauté en flagrant délit de bronzage intégral, ne satisfera pas notre instinct animal.
Un passage sur les parkings ouvre la porte d'un ascenseur parallèle à la télécabine, et nous élève jusqu'à la Croix, histoire de saluer les touristes qui débarquent au sommet.
Pas moyen de monter plus haut que les antennes, donc retour en longeant le Grand Sorbier. Le Grand Colon, balisé de repères, delta, planeurs et parapentes offre un accès facile à 1700 m et propose sa super pompe de service qui pulse jusqu'à 2450 m.
Le champignon surplombe 50 m plus haut, plus loin à droite.
Le survol de ce grand col long, aux formes souveraines, est plus qu'agréable ; la transition sur la Grande Lance se conclue par un 2100 m sur St Mury où un boulet relève le niveau jusqu'à 2300 m.
Après avoir joué un peu sur les rochers du Grand Replomb, le Jas du Lièvre, entre 1900 et 2100 nous dépose quelques 100 m verticale piscine de Prapoutel , le micro délivrant enfin le message "OK Jacques, c'est bon je rentre à Lumbin".
Après la proximité des rochers et des combes, la longue approche du terrain à travers la vallée du Grésivaudéèant est un moment de profonde détente.
Voilà (pour le "gamin"), le premier classique aller-retour Prapoutel-Chamrousse réussi .
Un court instant de distraction en finale, conduira l'aile et son passager dans les longs bras du maïs quelques mètres avant le terrain pour un atterrissage des plus doux (sauf pour quelques tiges).
Un aide à chaque montant et un porteur à la quille , seront nécessaires pour extraire le delta des 2 m de hauteur de maïs sans occasionner de trop gros dégâts au champ si cavalièrement assailli.
Taitenbalade
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