Le tremplin de la Scia
(re)inauguré en petites pompes (teignieuses)
Le dimanche 3 novembre 96, tout le GCVL ou presque, s'était donné rendez-vous à Saint-Pierre-de-Chartreuse pour aller bricoler et redonner une nouvelle jeunesse au tremplin delta de la Scia.
Ce tremplin, il en a vu des vertes et des pas mûres, et il était grand temps de lui refaire une beauté, d'autant qu'il commençait à prendre ombrage de l'aménagement du décollage parapente, 50 m plus bas. Il allait finir par croire que nos potes parapentistes s'occupent mieux de leur déco que nous, et vu tous les bons moments qu'il nous fait (et nous fera) passer, on lui devait bien ça. Et comme dans le monde impitoyable du vol libre, il faut aussi savoir marquer son territoire, on ne pouvait pas le laisser dépérir et se creuser de trous et de chausse-trappes...
La météo étant aussi au rendez-vous, on avait même embarqué les castaplanes afin d'inaugurer le nouveau tremplin au cas où..
A onze heures, ça s'agitait de partout. Tout le monde s'activait autour de la bête. Certains donnaient des grands coups de pied de biche pour faire sauter les planches caduques, d'autres transportaient inlassablement les planches de remplacement (planches de coffrage usagées farcies de béton, ça va bien peser dans les quinze kilos ça mon bon monsieur !), et d'autres enfin donnaient des grands coup de masse sur des braves clous qui leur avaient rien fait. Et puis, il y avait tout les autres, dont ma pomme qui encourageaient les travailleurs en disant tous les cinq minutes "attend j'vais l'faire !"... Bref une véritable fourmilière et au milieu de tous ces hommes en marcel et en nage, un chef d'orchestre organisant les manoeuvres, Francis à qui le tremplin de la Scia doit beaucoup.
A midi, le bougre de tremplin avait fier allure et n'avait plus rien à envier à son collègue parapentu. Les hommes en marcel, regardent fièrement leur oeuvre le marteau à la ceinture et les clous encore entre les dents. C'est l'heure où, comme dans les films complétement cul-cul-la-praline, les "femmes du GCVL", (plus belles que jamais) arrivent avec le ravitaillement contenu dans un panier d'osier couvert d'une serviette à carreaux rouge et blanc. On débouche le gros rouge qu'on fait passer de mains en mains et on partage le gros pain de campagne, le saucisson et le calendos. Et en plus, comme elles sont très sympas (les filles du GCVL, suivez bien), elles montent les ailes jusqu'au déco avec les harnais...
Bon tout ça c'est du pur fantasme, car comme récompense on s'est envoyé une pomme, un grany et on s'est coltiné le portage comme d'hab.
Alors qu'on finissait de ranger les outils et qu'Eric parachevait le travail en donnant un coup de débrouilleuse autour de la bête... des parapentes décollaient, nous indiquant qu'il ne fallait pas mollir si on voulait profiter du petit créneau de 13 h pétantes. Branle bas de combat au décollage où, en ce premier dimanche de novembre, c'est la Scia des grands jours. 15 ailes montées sur 300 m2. On se pousse, on blague, on étarque... ça finit toujours par y faire. Sur le tremplin fringant et tout ragaillardi, un petit vent nous prend et nous transporte dans la troisième dimension... moment privilégié où le péquin-chrysalide de base se transforme en deltiste papillon multicolore... C'est toujours magique.
Bon mais trève de poésie lyrique de Prisunic, en fait en l'air, c'est pas vraiment folichon. Il y a une pompe petite et teigneuse devant le décollage et ailleurs pas grand chose. Il faut l'enrouler dare dare car sinon, c'est le tas assuré. Certains y ont droit, et pour les autres, ça finit pas s'organiser dans une pompe où pour ne pas tourner idiot, on change régulièrement de sens. C'est petit et on est beaucoup à enrouler à fond les ballons, mais globalement ça se passe très bien. Evidemment des fois on fait un peu l'intérieur, histoire d'essayer d'enrhumer les copains... mais bon, ça peut pas marcher à tous les coups. En fait c'est quand même pas le nirvana et à 1950 tout le monde se retrouve au sommet du thermique sans savoir trop quoi faire. Alors histoire de dire qu'on a tenté quelque chose on s'éloigne un peu à droite et à gauche, mais un -3 généreux vous ramène illico-presto à la case départ et vous reprenez votre place dans ce joyeux manège. Bref, un bel exercice de style. Là dessus, arrivent Eric, Zaza et BCP qui passent au milieu de tout ça comme des TGV et qui se retrouvent bizarremment 200 m au dessus de la grappe. Ça leurs suffit pour tenter le passage du Col des Ayes et rejoindre le Grésivaudan, alors que "nous-auts", on arrive en face de gros sapins pas sympas du tout... à 100 m sous le col ! (j'm'en tape d'abord, ma voiture est à Saint-Hugues !).
Après une heure à ce régime, quand un voile arrive, les conditions s'effondrent et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, tout le monde entame la descente vers Saint-Hugues et prend sa place dans la file d'attente pour l'atterro. Dans le pré d'ailleurs, c'est un peu le folklore, les vaches pâturent en regardant atterrir les deltas, toutes scandalisées que l'on puisse fouler de la bonne herbe de Chartreuse si goûteuse. Heureusement le jeu du rodéo après un joli effet de sol ne tente personne et c'est devant les yeux ébahis de la Noiraude et de la Marguerite que nous remballons les bécanes en évitant soigneusement de maculer les bords d'attaques de bouses même si ça porte bonheur. Bref un petit vol sympa dans une ambiance très GCVL... Un vol qui clôt une saison bien remplie... et déjà on attend avec impatience les thermiques 97.
Et tout ça se termine comme de bien entendu, chez Sylvie et Francis, pour siroter la fameuse potion du club (OK, promis, je ne vous refais pas le coup de Airéfa), alors que l'ombre des grands sapins gagne, et qu'il fait bon regarder les derniers rayons du soleil qui rosissent le sommet du Grand Som et mettent le feu au ciel de Chartreuse.
Sébastien FEUTRY
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