Super Collet


Dimanche 2/3/97, l'anticyclone est installé, les brumes du matin vont se dissiper pour laisser une couche d'inversion à 1400 m ; au mieux les sommets de thermiques annoncés à 700 m vont regrouper toute la gent volante sous les falaises de St Hil. Très peu pour moi, je cherche désespérément un acolyte amateur de solitude, pour le dérouter sur un autre site.

Le conducteur des remontée mécaniques confirme qu'il n'y a pas moyen de monter l'aile à la Croix de Chamrousse (la cabine ne semble pas devoir être reéquipée pour charger les deltas), pourtant il y a longtemps que je rêve de décoller de là-haut !
Sissi, chauffeur paravolant pressenti, dort si fort après sa nuit dehors au royaume des motards bricoleurs, qu'il n'entends pas le téléphone et sera ainsi privé d'une belle journée. Finalement, c'est une pure expédition VLIqui va se construire avec au parapente Régis (directeur de la publicité), au volant Sophie (en direction de la maternité), et votre esclave habituel avec son delta préféré.
En guise de direction, c'est celle du Collet d'Allevard que nous prenons après avoir entassé le matériel, la bouffe, les pilotes de dur et de mou, la future môman et ses 6 mois de rondeur expressive dans la voiture dont la porte côté chauffeur "se coince de temps en temps et que si c'est le cas tu passes de l'autre coté".
L'accueil est encore une fois sympathique de la part des gardiens de parking qui nous laisseront approcher en zone interdite pour décharger tout cela.
Un petit encas pris sous le soleil de la terrasse du Very, puis la séquence télésiège nous permet de rejoindre les sommets ; au passage vous en prenez plein la vue de ce paysage de neige et de lumière. La brume qui encrasse certains zones de l'horizon plus lointain nous conforte dans notre choix ; les parapentes au-dessus de la station ne rapent pas la pente et leur ballet annonce une aérologie flatteuse.
Passons sur le portage un peu long et pénible dans une neige qui parfois se dérobe sous ma petite pointure et m'emprisonne jusqu'aux ...jusqu'aux poches de mon pantalon. Régis, dans le rôle du coporteur est équipé avec des jantes larges et reste en surface lui.
Pendant le montage, ça monte au dessus, certains tentent déjà d'atteindre le Grand Charnier, mais en reviennent très bas.
Le décollage est cette fois bien alimenté, la pente est importante, le troisième pas est appuyé sur le vide, bonjour mon sac, je me glisse en toi pour me couler dans l'espace.
Une heure de jeux avec les vagues, quelques bons boulets à +4, plusieurs fois le plafond à presque 2400, quatres tentatives pour aller flatter le Gd Charnier seront inutiles, il ne voudra rien entendre et interdira le survol de son sommet.
Et pendant ce temps, qu'ils sont mignons tous ces petits trucs qui glissent sur les pentes comme des fourmis zélées dans une fourmilière certes moins dense que sur la basse terre, mais quand même, cela fait du monde sur les pistes ! Nous, en l'air, c'est cool ; une dizaine et demie de parapentes égaye le ciel de couleurs vives et tournoyantes (pas toujours selon les règles de priorité...).
Un seul confrère delta viendra partager ce ciel limpide, vivifiant, aux thermiques parfois surprenant. Il ira visiter la face sud du Gd Charnier et en reviendra vraiment très bas, mais dit-il, ça en valait la peine.
En savourant un tour complet de la station, un coup d'oeil sur une fumée indique du nord dans la vallée, il faudra veiller à ne pas être trop long à l'atterrissage face au lac.
Le temps s'écoule lentement pour une fin de vol balistique presque sans remous, cette fois, pas de surprise dans l'approche, pas de grosse turbulence en finale, pas de clôture à vache, pas de harnais coincé, ça baigne ! Un posé tip top viendra conclure ces 90 minutes de liberté retrouvée au-dessus de la triste couche des soucis quotidiens.
Super Collet à bientôt, nous reviendrons !

Taitenneige



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